Rose Madder by King Stephen

Auteur:King, Stephen [King, Stephen]
La langue: fra
Format: epub, mobi, azw3
Éditeur: Le livre de poche
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

7

Au bout de cinq minutes, elle déboucha dans une clairière, de forme parfaitement circulaire, au milieu de laquelle se trouvait la seule chose vivante de toute cette désolation : le plus bel arbre que Rosie eût jamais vu, au point qu'elle en oublia même de respirer pendant quelques instants. Élève assidue au cours de catéchisme de l'Église méthodiste, à Aubreyville, elle pensa tout de suite à l'histoire d'Adam et Ève dans le jardin d'Éden, se disant que, s'il s'y était réellement trouvé un arbre du Bien et du Mal en son centre, il aurait eu exactement cet aspect.

Il était couvert d'une ramure dense faite de feuilles étroites, d'un vert brillant, et ses branches ployaient sous le poids de ses fruits, d'un rouge violacé. Ceux qui étaient tombés entouraient l'arbre d'une ceinture rose garance, exactement de la même nuance que le chiton de la femme que Rosie n'avait pas osé regarder dans les yeux. Nombreux étaient les fruits au sol, encore frais et fermes ; sans doute leur chute était-elle due à la tempête qui venait de souffler. Même ceux qui étaient en pleine décomposition paraissaient d'une douceur absolument exquise ; l'eau vint à la bouche de Rosie à la seule idée d'en ramasser un et de mordre dedans à pleines dents. Ils devaient avoir, imaginait-elle, un goût à la fois acide et suave, comme celui d'une tige de rhubarbe cueillie tôt le matin, ou de framboises ramassées la veille du jour où elles atteignent leur pleine maturité. Tandis qu'elle contemplait l'arbre, l'un de ces fruits (qui, aux yeux de Rosie, ne ressemblaient pas plus à des grenades qu'à des fers à repasser) tomba d'une branche surchargée et s'écrasa en arrivant au sol, découvrant des replis de chair rose garance. Elle aperçut des graines au milieu du jus qui en dégoulinait.

Rosie s'avança d'un pas et s'arrêta. Elle ne cessait d'hésiter entre deux hypothèses : ce que lui disait son esprit, à savoir que tout ceci n'était qu'un rêve, et ce que lui disait son corps, à savoir que jamais personne sur terre n'avait fait un rêve aussi réaliste. Telle une aiguille de boussole qu'affolent trop de dépôts métalliques dans un paysage, elle oscillait de l'une à l'autre. À la gauche de l'arbre, s'ouvrait ce qui ressemblait à une entrée de métro ; de grandes marches blanches s'enfonçaient dans l'obscurité. Au-dessus, une plinthe d'albâtre portait ce simple mot gravé : LABYRINTHE.

Vraiment, c'est trop, pensa-t-elle, s'avançant néanmoins jusqu'à l'arbre. Si c'était un rêve, elle ne risquait rien à suivre les instructions qu'elle avait reçues ; tout au plus hâterait-elle le moment où elle s'éveillerait dans son lit, cherchant à tâtons son réveil pour faire cesser ses tapageuses remontrances avant qu'elles ne lui fendissent le crâne. Avec quelle joie accueillerait-elle sa sonnerie stridente ! Elle était glacée, elle avait les pieds sales, une racine venait de la peloter, une statue de pierre de la reluquer — statue d'un garçon trop jeune pour savoir seulement ce qu'il regardait. Plus que tout, elle avait l'impression que,

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